Agrandissement de Mani-Utenam
par Matthieu Déborbe et François Fortin
Ce projet de recherche-création en design urbain en milieu autochtone est rattaché à l’ARUC Tetauan, qui s’intéresse à l’évolution des milieux bâtis et des paysages culturels innus. La problématique soulevée par le projet est la suivante : dans le contexte des référents culturels innus, comment répondre aux besoins de la croissance démographique actuelle, tout en préservant et en mettant en valeur le milieu naturel ?
Le projet, qui concerne l’extension de la communauté innue de Mani-Utenam, dans la région de Sept-Îles, intègre ainsi cinq grands enjeux issus des données de terrain et du travail de consultation réalisé auprès des professionnels locaux et de ses résidents : la connectivité urbaine, l’identité du lieu, le rôle des éléments naturels, la structuration des espaces publics, et la mobilité et l’habitation durable. La démarche entourant le projet urbain comprenait une revue de littérature sur le mode de vie nomade traditionnel des Innus et leur organisation sociale préexistante ainsi qu’une analyse du milieu urbain. Elle fut aussi alimentée d’échanges réguliers entre les chercheurs et la communauté sur la signification de la sédentarité, des éléments urbains et de la vie en réserve. Cette démarche a permis de mieux cerner les attentes des Innus envers leur milieu de vie, et d’illustrer des stratégies pour y répondre, tout en étant soucieux du milieu naturel et des effets anticipés de l’agrandissement sur la population.
Agrandir Mani-Utenam comporte un écueil de taille : l’agrandissement doit se situer par-delà une voie régionale d’importance. Le rôle de cet élément urbain sera donc amené à changer, puisqu’il occupera à terme une place centrale géographiquement, et qu’il constituera une voie d’accès importante à la communauté. Il a donc imposé certains enjeux comme la connectivité ou la signification des éléments naturels. Ainsi, le projet repose sur la thèse que ce boulevard peut devenir structurant et sécuritaire pour une appropriation autrement qu’en automobile, si ses rives sont construites, si des connexions fortes et nombreuses permettent de le traverser, si les services y sont regroupés. Le boulevard, d’élément répulsif, devient ainsi l’épine dorsale d’une communauté vivante et unie, la vitrine d’une culture innue contemporaine et bien vivante. Le projet servira par la suite à tester des modes de présentation et de modification in vivo lors de consultations de la communauté de Mani-Utenam, par le biais de moyens virtuels de visualisation incluant les systèmes d'information géographiques tridimensionnels (SIG-3D).